Dans ce nouvel article, nous allons parler de logiciel libre et de licence Open source.

Open source, logiciel libre, copyleft, GNU, freesoftware : de nombreux termes sont utilisés dans une certaine confusion, et nous allons tenter d’y voir plus clair au travers de cet article.

L’arrivée au début des années 80 du logiciel libre est une réaction forte de la communauté des développeurs par rapport aux logiciels commerciaux avec des sources fermées, c’est à dire des logiciels dont le code n’est pas étudiable et réutilisable librement.

Mais Libre ne veut pas forcément dire gratuit : il existe des logiciels « open source » non libres et payants… hé oui, ce n’est pas si simple !

A l’origine du mouvement du « logiciel libre » il y a un homme : Richard Matthew Stallman, alias RMS, qui au début des années 80 milite pour un logiciel libre. Cette philosophie se retrouve dans le projet historique GNU, « GNOU » pour les intimes. Le logo de ce projet est d’ailleurs une tête de Gnou !

L’idée derrière le projet GNU de Stallman est de créer un système d’exploitation entièrement libre et modifiable sans droits d’auteurs et sans restriction dans l’utilisation des codes sources.

Un système d’exploitation est un programme informatique qui permet à un ordinateur de fonctionner et d’interagir avec l’utilisateur. Une grande partie du système d’exploitation libre GNU/Linux est née grâce à l’initiative GNU. Beaucoup de gens et même d’experts en informatiques associent Linux uniquement à Linus Torvald mais Linux doit aussi beaucoup au projet GNU de Richard Stallman.

Richard Stallman
Linus Torvald

Copyleft

Aujourd’hui la manière la plus commune de caractériser les logiciels libres est le terme « copyleft » inventé par Don Hopkins au milieu des années 80 et popularisé par Richard Stallman. Le but recherché par ce concept opposé au copyright est de propager la liberté et la coopération afin de favoriser la créativité et la fiabilité des logiciels… tout un programme ! Sans mauvais jeu de mots.

Dans les faits, le copyleft oblige le développeur à rendre toutes les versions modifiées ou étendues de son programme libres. Aujourd’hui dans le monde de développement logiciel, le copyleft est devenu l’étalon permettant de juger du niveau d’ouverture du code source d’une application. Ainsi une licence est dite « copyleft fort » ou « GNU compatible » pour indiquer que l’application peut être copiée, modifiée ou distribuée librement (voir même gratuitement). C’est une manière simple de faire un programme ou un logiciel libre et de le mettre dans le domaine public.

La dernière version de licence GNU est la General Public Licence V3 (ou GNU GPL V3). Bien évidemment, il existe des variantes de licence copyleft. Par exemple, la variante GNU Affero nommée aussi GNU AGPL V3 est une licence s’appliquant aux programmes en mode Software As A Service  (SAAS). Elle permet à l’utilisateur d’obtenir, de réutiliser et de modifier le code tournant sur les serveurs d’un environnement SAAS.

Quatre libertés fondamentales du logiciel à la sauce copyleft

Un logiciel est considéré comme libre si et seulement si sa licence garantit quatre libertés fondamentales qui sont l’essence même du logiciel libre.

L’utilisateur doit pouvoir exercer les libertés ci-dessous :

  • Liberté [0] : libre d’utiliser le logiciel
  • Liberté [1] : libre de copier le logiciel
  • Liberté [2] : libre d’étudier le logiciel
  • Liberté [3] : libre de modifier le logiciel et de redistribuer les versions modifiées

Les libertés [2] et [3] ne peuvent s’appliquer que si l’on a accès aux codes sources qui sont « la recette » de fabrication du logiciel.

Quelques exemples de logiciels libres :

  • Un Navigateur :  Firefox
  • Un lecteur de courriel : Thunderbird
  • Une suite bureautique : OpenOffice
  • De la Publication Assistée par Ordinateur : Scribus
  • Un logiciel de traitement de l’image : Gimp
  • Un lecteur multimédia : VLC

Mais alors le Freeware c’est copyleft ?

Les freewares (au sens de « logiciels gratuits ») et les sharewares n’ont rien à voir avec les « logiciels libres » ou l’open source. Les freewares sont des logiciels avec copyright et ne respectent aucunes des quatre libertés vues précédemment.

La liberté de copier est souvent accordée sans restriction pour les freewares comme pour les sharewares puisque c’est une manière de promouvoir les logiciels. Cependant, vous n’avez pas la liberté d’étudier le code ou de modifier le logiciel et encore moins de redistribuer les versions modifiées.

Le principe du shareware consiste lui à proposer une version limitée destinée à tester le logiciel. La liberté d’utiliser est limitée soit dans la durée, soit dans le nombre de fonctionnalités. Il faut payer pour obtenir la version complète.

Open source et logiciel libre, c’est quoi la différence ?

Beaucoup de logiciels sont étiquetés « Open source » et pour autant ils ne sont pas libres au sens de la Free Software Foundation.

Par exemple prenons le cas du logiciel Red Hat – Linux, qui est une variante, appelée aussi « distribution » d’Operating System GNU-Linux. Cette distribution n’est pas considérée comme libre par la FSF car elle contient des composants propriétaires. Beaucoup d’autres distributions GNU LINUX étiquetées « Open Source » ne sont pas reconnues comme « logiciel libre » par la FSF.  

Vous pouvez retrouvez une liste des différentes distributions libres depuis le lien suivant : https://www.gnu.org/distros/common-distros.en.html

Dans les faits, les logiciels libres au sens de la licence GNU GPL V3 ne doivent inclure aucun logiciel propriétaire et ne peuvent inciter à leur utilisation via des liens ou des pilotes préinstallés.

Pour faire simple, on peut dire que l’Open Source est beaucoup plus laxiste sur le sujet de l’ouverture des codes sources. Un logiciel Open Source peut contenir des morceaux de code fermés, ce qui est contraire à la philosophie « puriste » du GNU, basée sur l’ouverture complète du code et la liberté de l’utilisateur.

Parlons maintenant philosophie

La philosophie de l’open source n’a pas les mêmes objectifs que la philosophie du libre GNU. Le mouvement du « logiciel libre » milite pour la liberté des utilisateurs de l’informatique; c’est un mouvement qui lutte pour la liberté et la justice. Lorsque R. Stallman parle de justice, il revendique le fait que l’utilisateur ne devrait jamais dépendre d’une autre personne pour la maîtrise de son informatique. Certains d’entre vous pourront faire le parallèle de la philosophie GNU avec le philosophe français Pierre-Joseph Proudhon et sa célèbre phrase désormais célèbre « La propriété c’est le vol ! »

L’idéologie open source elle, met surtout l’accent sur les avantages pratiques et économiques et ne milite pas pour des principes éthiques. L’Open Source Initiative (OSI) est le nom de l’organisme qui gère les licences Open Source. Cette association est née à la fin des années 90 en réaction à la complexité d’utilisation des licences GNU. En effet, il peut être économiquement intéressant pour un développeur de garder complétement la main sur certaines parties de son code et de le fermer ou de le breveter, c’est cette caractéristique que vient adresser l’open source.

La volonté de cette association est de rendre l’usage des licences « libres » plus simples et mieux adaptées au business du logiciel. Les logiciel étiquetés « Open source » doivent respecter l’OSD, c’est à dire l’Open Source Définition de l’OSI.

L’OSD est une suite de dix règles reprises en partie de la philosophie GNU mais avec beaucoup moins de contraintes, notamment sur l’utilisation de composants non libres dans un logiciel. Il existe plus de 70 licences « Open Source » différentes. Parmi les plus connues on trouve : MIT, APACHE et BSD. Toutes ces licences sont des héritières plus ou moins éloignées de la philosophie GNU.

Conclusion

A travers cet article nous avons tenté de clarifier les ambiguïtés qui existent entre les termes de « logiciel libre » , « open source » et « GNU ». Même si aujourd’hui, il existe toujours une véritable opposition entre les partisans des logiciels ouverts et ces partisans des logiciels propriétaires, l’industrie du logiciel s’est emparée du modèle vertueux de l’Open Source et de ses avantages à mutualiser le code source pour obtenir des logiciels robustes et écrits dans les règles de l’art.

Il est intéressant de constater aujourd’hui que beaucoup de solutions comme par exemple GNU LINUX , PYTHON ou DOCKER, tournant dans les plus grandes entreprises mondiales, sont issues du monde du libre et de l’open source.

Références


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Logiciel Libre et Open source

par Johan C. temps de lecture : 6 min
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